Je vais bien, tout va bien...

Avez-vous remarqué comme il nous est difficile de parfois nous sentir mal ? De ressentir des émotions négatives qui semblent nous plomber et nous entrainer dans un courant visqueux de mal-être dont nous tentons vainement de nous extirper car nous trouvons cela insupportable ? Avez-vous remarqué comme nous nous jugeons lorsque que c’est le cas ? « Non mais, t’as pas fini avec toutes ces pensées négatives ? Tu peux pas te f*… la paix ?  Regarde les choses de façon positive, c’est pas si grave que ça ! Il faut po-si-ti-ver ! » Mais ces injonctions que nous nous adressons à nous-mêmes et qui sont en général l’exacte réplique de ce que notre environnement nous invite à croire, ne portent pas les effets escomptés. Au contraire, elles ont tendance à renforcer notre malaise et à nous pousser à croire que, parce que nous n’arrivons pas à « penser positif », nous sommes décidément bien nul.le.s.

En fait, nous avons tendance à oublier que les émotions que nous ressentons font partie d’un mécanisme de survie très archaïque. Les émotions que nous ressentons comme agréables (et que nous qualifions de positives) apparaissent lors d’actions qui encouragent notre survie. Les émotions ressenties comme inconfortables (celles que nous appelons négatives) apparaissent lorsque notre cerveau pense que notre survie est menacée. Et comme nous passons d’une situation à une autre, en permanence, il est donc normal d’alterner des émotions confortables et inconfortables. Mais comme nous avons tendance à nous juger sur la « stupidité » de ce ressenti, l’inconfort de l’émotion augmente sous le poids du jugement. Et notre situation ne fait qu’empirer.

Alors comment sortir de ce qui à première vue semble être un cercle vicieux ?

La première chose à faire est de s’apporter l’empathie que nous apporterions à notre meilleur.e ami.e si elle.il était dans une situation similaire à la nôtre. N’aurions-nous pas envie de le.la prendre dans nos bras et lui dire que ce qu’elle.il ressent est normal compte tenu de la situation ? Tout comme à une personne que nous aimons, nous pouvons nous apporter de la compréhension quant à ces émotions qui nous traversent, elles sont normales dans notre contexte. Mais si cette normalisation est importante et peut nous enlever la pression du jugement, il n’en demeure pas moins que nous devons accepter de ressentir ces émotions. Nous ouvrir pleinement à elles et les laisser exister. Si nous nous offrons ce moment de connexion qui nous permet de mieux nous comprendre, nous ressentons généralement un soulagement important. Même si parfois, nous devons faire preuve de patience car certains ressentis inconfortables ne s’estompent pas aussi facilement que ça.

Et c’est précisément là que nous devons être très attentif.ve.s vis-à-vis de nous-mêmes. Car se donner de l’autocompassion, de l’auto-empathie, s’ouvrir aux émotions que nous ressentons, ne constitue pas la voie de la positivité permanente. Notre vie ne sera pas 100% rose tout le temps, elle continuera à présenter son lot de hauts et de bas et nous continuerons à ne pas aimer les bas.

Mais une manière de positiver tout de même avec les émotions et tout particulièrement les émotions « négatives », c’est de reconnaitre leur utilité. Elles sont là pour nous guider et nous dire que si nous nous sentons mal c’est qu’une partie de nous se sent en danger. Et en analysant la situation, si c’est bien le cas, nous pouvons nous extirper de circonstances qui nous sont inappropriées. Si nous ne pouvons « rien faire », nous pouvons reconnaitre qu’elles nous aident à savoir où nous en sommes, à savoir si nous avons besoin de nous apporter des ressources (sommeil, repos) supplémentaires ou si nous devons maintenir le rythme de ce que nous avons entrepris.

C’est ainsi que nous augmenterons notre résilience et que nous pourrons nous connecter à des ressentis lourds et inconfortables sans nous sentir aspirer vers le bas, simplement en étant là et en acceptant de laisser être ce qui est : notre humanité.