Acte manqué
- Anne-Marie Barrès
- 11 mai
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 6 juin

Cela nous est tous arrivé, nous avions un rendez-vous important et nous l’avons raté, dans une discussion animée nous avons dit un mot pour un autre, nous avons égaré un objet au moment où nous en avions le plus besoin, nous avons envoyé un message à la mauvaise personne, nous avons oublié de réaliser une tâche que nous avions pourtant planifiée depuis longtemps, etc. Et dans ces cas-là, lorsque nous prenons conscience de cet acte manqué (ou lapsus lorsqu’il s’agit de dire un mot pour un autre), nous sommes plongé.e.s dans une grande perplexité. Comment se fait-il que nous ayons pu oublier ce qui nous semblait pourtant si important ? Comment est-ce possible que, si ordonné.e.s, nous n’arrivions pas remettre la main sur cet objet qui nous faisait défaut au moment où nous en avions le plus besoin ? Comment a-t-on pu envoyer notre message à cette personne dont le nom commence par Z alors que le destinataire a un nom qui commence par A ?
Sigmund Freud s’est largement intéressé à la question. Selon lui, l’acte manqué est révélateur d’un conflit interne ou d’un désir refoulé. Autrement dit, un acte manqué est un signal de quelque chose qui se joue pour nous au-dessous de notre seuil conscient. Si nous acceptons de nous y arrêter un moment, l’acte manqué peut devenir un excellent outil pour mieux se connaitre, comprendre ce qui nous motive vraiment, réaliser ce qui nous bloque ou les croyances qui nous pilotent à notre corps défendant.
Alors comment faire ?
Dans un premier temps, il est intéressant de s’observer penser. Le journal intime peut être un excellent moyen de prendre conscience de nos pensées en les jetant pêle-mêle sur le papier sans chercher à faire de belles phrases ou à éviter les fautes. En prenant l’habitude d’écrire et de se raconter ce qui se passe au fond de nous, nous pouvons mettre à jour des schémas de pensées récurrents et des croyances que nous avons internalisées sans même nous en rendre compte.
La méditation peut également nous permettre d’accéder à des pensées profondément enfouies dont nous n’avions pas conscience. Or, je l’ai déjà évoqué à plusieurs reprises, nos pensées créent notre réalité.
Dans un second temps nous pouvons entamer une phase d’observation. Dans quelles circonstances avons-nous réalisé cet acte manqué ? Quels étaient les enjeux ? Qui était concerné ? Est-ce toujours la même personne ? Est-ce toujours le même mot que je remplace inconsciemment par un autre ? Ou un mot en lien avec un sujet précis ?
En prenant conscience de ce qui se joue pour nous, nous pouvons accéder à une meilleure compréhension des raisons de ces manquements. C’est ainsi que nous pouvons mettre à jour un désir refoulé peut-être en lien avec une croyance limitante. Nous pouvons réaliser que nous sommes en résistance avec une décision que nous avons prise parce qu’une partie de nous n’y adhère pas. Nous pouvons prendre conscience d’une peur qui nous habite comme une peur de l’échec qui nous conduirait à préférer l’autosabotage à l’échec lui-même. Ou encore ce syndrome de l’imposteur qui nous empêche d’envoyer à notre directrice notre demande d’augmentation et nous la fait envoyer au concierge.
Parce que nous prenons conscience de nos enjeux internes et des pensées qui nous traversent et nous dirigent, nous devenons plus à même de reprendre notre vie en main et nous (re)mettre aux commandes. En travaillant et en changeant nos pensées, en déconstruisant les croyances limitantes dont nous avons à présent conscience, nous pouvons évoluer et nous rapprocher de qui nous sommes vraiment.
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